Témoignage

Dengue : « Il est très important de ne pas laisser des coupelles ou des écuelles contenant de l’eau ou des déchets ”

Dans le sud-ouest de la Martinique, aux Trois-Îlets, Margaux Nartet, 26 ans, assistante de direction dans un établissement hôtelier, revient sur son combat contre la dengue contractée fin décembre 2024, en même temps que son conjoint. Une épreuve difficile qui a marqué leur début d’année et changé leur quotidien.

  • MaewChansilpa/iStock
  • 20 Mai 2025
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    La dengue, encore appelée grippe tropicale, est une maladie virale transmise par un moustique connu sous le nom de moustique tigre. Elle est implantée dans les zones tropicales, mais aussi dans le territoire français (métropole, Martinique, Guadeloupe, Guyane…). Nous avons interrogé Margaux Nartet, qui vit en Martinique depuis l’été 2023 et a présenté un 1er épisode de dengue, en même temps que son conjoint.

    Fréquence Officines : Margaux, quand avez-vous ressenti les premiers symptômes de la dengue ?

    Margaux Nartet : les premiers symptômes sont apparus dans la nuit du 27 décembre 2024. J’ai eu de la fièvre à 39 °C, des frissons et des douleurs abdominales. Mon conjoint, lui, a ressenti les mêmes symptômes dans la journée. Sur le moment, nous avons pensé que c’était à cause des noix de Saint Jacques que nous avions mangées la veille.

    « Mon conjoint a fait un malaise dans la pharmacie »

    Comment avez-vous réagi ?

    MN : Nous avons pris rendez-vous avec un médecin qui a rapidement suspecté la dengue. Il nous a prescrit du paracétamol et des médicaments pour les maux de ventre, en nous conseillant de surveiller notre état et d’aller aux urgences si nécessaire.

    Comment ça a évolué ?

    Margaux : Pendant le trajet pour aller à la pharmacie, des maux de tête sont apparus. Et mon conjoint a fait un malaise dans la pharmacie. Nous sommes donc retournés voir le médecin puis aux urgences de Fort-de-France. La température était montée à 40,5 °C. Nous avons été mis sous perfusion pour faire baisser la fièvre. Comme ça allait mieux, ils nous ont laissé sortir avec des médicaments et un passage de médecin et infirmières à domicile pour les perfusions. Mais là, le calvaire a commencé…

    « Les symptômes sont devenus très intenses avec une grande faiblesse, une forte fièvre, de la diarrhée, des maux de tête, des vomissements »

    Que s’est-il passé ensuite ?

    Les symptômes sont devenus très intenses avec une grande faiblesse, une forte fièvre, de la diarrhée, des maux de tête, des vomissements avec un goût de rouille dans la bouche. Nous étions déshydratés comme nous ne mangions ni ne buvions plus. Pendant cette période, tous les efforts étaient difficiles : les trajets canapé-lit étaient les seuls possibles. En allant aux toilettes le 1er janvier, je me suis évanouie et mon conjoint aussi en voulant me secourir. Nous avons donc appelé SOS médecins sur les conseils de nos voisins qui venaient souvent demander des nouvelles.

    Le diagnostic a-t-il été confirmé à ce moment-là ?

    Là, le médecin nous a demandé de faire un test sanguin pour être sûr du diagnostic. J’avais les doigts gonflés et ma peau et celle de mon conjoint sont devenues rouges avec des démangeaisons très importantes. Et notre bilan biologique a montré des anomalies au niveau du foie.

    Vous avez gardé des séquelles ?

    Je perds énormément mes cheveux depuis, mais le reste est redevenu normal au bout de quelques semaines. Mon conjoint n’a pas de séquelles.

    « Le symptôme le plus marquant a finalement été la fatigue très intense »

    Qu’est-ce que ça a changé pour vous ?

    Margaux : Le symptôme le plus marquant a finalement été la fatigue très intense. J’ai repris le travail après 3 semaines et mon conjoint, gendarme, au bout de 4 semaines. Nos voisins nous ont beaucoup aidés car nous ne pouvions rien faire. Un de nos voisins a d’ailleurs attrapé la dengue une semaine après nous. Tout ça a changé ma vision des moustiques, d’autant plus que cela aurait pu être grave puisque j’ai une maladie cardiaque opérée enfant. C’était ma 1ère dengue et maintenant je me protège matin et soir et je fais attention à l’eau stagnante. Il est très important de ne pas laisser des coupelles ou de écuelles contenant de l’eau ou des déchets. Nous avons d’ailleurs réparé notre gouttière défectueuse par la suite ! 

    Pour compléter ce témoignage, notons qu’il n’existe pas de traitement spécifique ni de vaccin contre cette maladie. La prise en charge sera donc symptomatique. Prudence avec les anti-inflammatoires non stéroïdiens et l’aspirine qui sont contre-indiqués en raison du risque hémorragique.

    Si on attrape la dengue, on est immunisé à vie… mais seulement pour un sérotype du virus. Donc comme il existe plusieurs sérotypes, il est possible d’être malade plusieurs fois au cours de l’existence.

    Les mesures de prévention sont impératives pour pouvoir l’éviter (vêtements longs et couvrants, application de répulsifs cutanés, insecticides sur les habits, moustiquaires, élimination des points d’eau stagnante qui sont des gîtes larvaires (pots de fleur, pneus usagés, déchets encombrants) ….

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